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Publié le 23 septembre, 2008

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Journal d’un écolo : du 15 au 21 septembre 2008

Du bonus-malus écologique qui ne résiste pas à la reprise en main sarkoziste et qui, au passage, montre un PS toujours aussi frileux sur les questions écologiques jusqu’au forum Libération de Grenoble consacré à « Un nouveau monde » riche de débats avec en toile de fond la crise environnementale, en passant par la polémique qui enfle autour du Wi-Fi dans les bibliothèques de la Ville de Paris : retour – à rebours – sur une semaine à Paris et ailleurs.

Dimanche 21 septembre : L’industrie automobile bouge t elle enfin ?

J’étais invité ce dimanche à débattre dans le cadre du forum Libération à Grenoble.  Forum au titre intéressant – Un nouveau monde ! Mondialisation, Environnement, Europe… – avec une pléiade de personnalités dont nombre d’écologistes. Et mon propre débat s’intitulait « La voiture bon marché va-t-elle asphyxier la planète ? »

Il n’avait pas été facile à organiser ce débat, Louis Schweitzer, puis Carlos Goshn, ayant décommandé (au prétexte du prochain Mondial de l’Auto). Je me retrouvais donc confronté à Bernard Jullien, directeur d’un think tank influant du lobby automobile, qui n’hésitait pas, dans l’avant papier demandé par Libé pour préparer le débat, à qualifier de « colonialisme écologique » le fait de refuser au « pays émergents » la motorisation individuelle à la mode occidentale ! Je m’étais donc préparé à un débat punchy.

Appelé à introduire le débat, je déroulais donc ma démonstration :

1) L’état inquiétant de la planète : dérèglement climatique, crise pétrolière, l’impact économique et social de la crise énergétique, la multiplication des conflits énergétique dans le monde (Irak, Afghanistan, Géorgie).

2) Le manque d’anticipation de l’industrie automobile :
des voitures de plus en plus gaspilleuses, le matraquage publicitaire, les usagers pris en otage par les constructeurs, les salariés de l’industrie automobile menacés d’un crise pire que celle de la sidérurgie

3) L’impasse de la voiture low cost : une voiture moins chère à l’achat mais bien plus couteuse qu’une « voiture ecolo » sur l’ensemble de la durée de vie, le manque de pétrole et le risque à rendre plus dépendantes des économies fragiles, les budgets publics gaspillés à faire des routes pour les élites plutôt que pour les transports collectifs

4) Le colonialisme n’est pas du coté de l’écologie mais de l’industrie automobile
et pétrolière qui pille, exploite, soutient les dictatures… Et ne s’intéresse maintenant aux pays du sud que comme un débouché, des consommateurs chargés de renflouer les actionnaires d’une industrie en perte de vitesse

5) Les alternatives : la sobriété, des voitures plus petites et moins rapides, les transports collectifs, un usage écologiquement responsable de l’auto, la ville compacte, impliquant une reconversion industrielle et surtout une volonté politique aujourd’hui défaillante.

A ma surprise, mon contradicteur, même s’il a tenté de défendre le modèle automobile, et la bonne volonté du partie du monde de l’automobile, a accepté de faire de nombreuses concessions sur le discours, qu’on n’aurait pas entendu il y a encore quelques mois et qui montrent le désarroi dans lequel est plongé aujourd hui cette industrie :
– reconnaissance de la « cécité » des constructeurs face aux enjeux, notamment en construisant des voitures toujours plus lourdes
– obsolescence du modèle de la « polyvalence de l’automobile » (une voiture conçue à la fois pour les vacances et pour les déplacements quotidiens, ce qui conduit à des véhicules lourds, consommateurs, etc.)
– acceptation que les constructeurs n’évoluent que sous la contrainte, et donc de la nécessité de leur imposer des contraintes
– obligation que les constructeurs apprennent à dire « oui » dans les négociations avec les autorités
– ne pas laisser le prix du pétrole fixé par le marché et refuser l’abaissement des taxes sur le pétrole
– et même repenser le modèle automobile pour aller vers des véhicules par exemple à 3 roues, électriques, etc.
On est loin du discours de l’automobile conquérante et sure d’elle même !
Faut il y voir le signe d’un mouvement de fond irrévocable ? Il est trop tôt pour le dire. Mais l’évolution est significative. A suivre….

Jeudi 19 septembre – Wifi dans les bibliothèques : pourquoi une telle précipitation ?

Depuis plusieurs mois, le Wifi est débranché dans 4 bibliothèques municipales de la Ville suite aux plaintes émises par les personnels concernés concernant les conséquences sur leur santé. La décision en avait été prise par un CHS (comité hygiène et sécurité).
Depuis cette décision, nombreux sont ceux qui, au sein de la Ville, veulent rebrancher, estimant – de façon plus ou moins explicite – que les symptômes ressentis seraient imaginaires, et les organisations syndicales qui les soutiennent engagées dans des manœuvres électoralistes et manipulatoires.

Certes, aujourd’hui, personne n’a démontré la nocivité du Wifi sur la santé. Mais personne n’a non plus démontré son innocuité !

Et les arguments évoqués mettant en cause personnels et syndicats ne peuvent que mettre la puce à l’oreille – et créer le malaise – chez tous ceux qui, depuis des années, ont entendu les mêmes arguments chaque fois que des « lanceurs d’alerte » osaient exprimer une voix divergente sur l’amiante, les éthers de glycol, la pollution de l’air, les OGM, les téléphones portables, les antennes relais, etc.
Comparaison n’est certes pas raison. Mais implique au moins une certaine vigilance.

Lorsque la volonté de rebrancher le wifi s’est confirmée, et que les cabinets des adjoints concernés ont été consultés, j’ai fait savoir mon avis défavorable, estimant qu’il fallait réunir plus d’informations avant de décider quoi que ce soit.
En effet, le moins que l’on puisse dire est que s’il n’y a pas démonstration de la nocivité potentielle, les précautions prises par les différents pays et villes varient de façon diamétralement opposées. Rien qu’en France, la ville de Lyon, par exemple, a décidé de suspendre son plan de mise en place du wifi dans les bibliothèques, et dans Paris même, la BNF a fait de même.

C’est cette grande hétérogénéité qui m avait conduit à proposer au conseil de Paris un voeu (voir ici le voeu adopté en Conseil de Paris en juin 2008) pour lancer une étude comparative entre les règles suivies dans les différents pays et collectivités. Il me semblait cohérent qu’aucune décision ne soit prise en attendant le résultat de cette étude.
Ce ne fut visiblement pas l’option retenue puisqu’à marches forcées fut convoqué un nouveau CHS avec ce point à l’ordre du jour.

Les organisations syndicales proposèrent alors d’auditionner lors de ce CHS des experts, dont les associations Agir pour l’Environnement et Priartem, bien connues de la Ville puisque membres du comité de suivi de la charte de téléphonie mobile. Demande refusée ! Ce qui a conduit les syndicats à boycotter la réunion ce jeudi.
Dans le même temps, le groupe des Verts au conseil de Paris avait exprimé son désaccord (voir ici le communiqué de presse du groupe des Verts au Conseil de Paris), de même que les associations (voir le communiqué de Agir Pour l’Environnement). Et faute de quorum la réunion ne s’est pas tenue.

Pour autant le problème reste entier. Et ce d’autant plus que peu d’éléments réellement objectifs permettent d’assoir une position évidente.
Comme je l’ai indiqué dans l’interview paru dans le Parisien vendredi 19 septembre, pour le wifi on est dans un domaine où la fiabilité des mesures n’est pas assise sur une règlementation et des protocoles de mesure incontestables. Les chiffres avancés par la Ville selon lesquels on serait dans les bibliothèques à des niveaux 80 à 400 fois inférieurs à la règlementation sont donc pour le moins sujet à caution.
Le Parlement Européen vient d’ailleurs de demander  la révision de ces règlementations pour les aligner sur celles des pays qui appliquent le plus le principe de précaution. Cette position ayant été adoptée à une très large majorité, elle a donc très probablement été votée par les parlementaires européens socialistes et ump qui siègent au conseil de Paris ! Raison de plus pour attendre le résultat de l’étude comparative votée par le conseil de Paris.

Examinons un autre argument avancé par ceux qui défendent le rebranchement : les bornes wifi installées dans les bibliothèques seraient analogues à celles présentes dans des aéroports ou à domicile. Mais sur quel protocole se base t on pour affirmer que les mêmes appareils ont les mêmes impacts selon qu’ils sont utilisés dans un vaste espace (aéroport) ou un espace réduit (bibliothèque), pour un usage ponctuel (domicile) ou pendant de nombreuses heures consécutives par un grand nombre d’usagers y compris simultanément (bibliothèque) ?
Personnellement, je n’ai ni les informations ni les compétences pour affirmer que les impacts sont différents, voire plus graves. Mais je ne les ai pas non plus pour affirmer l’inverse.
Ce ne semble pas être le cas de tout le monde puisque l’adjoint parisien à la culture, lui, n’hésitait pas à affirmer sur France 3 : « Toutes ces personnes qui veulent que le Wi-Fi soit débranché dans les bibliothèques ont-elles débranché chez elles leur télévision, leur four micro-ondes, ont-elle cessé d’utiliser leur téléphone portable? Je ne crois pas, donc je pense qu’on est dans une certaine hypocrisie. » (Sic)

Enfin, dernier argument fréquemment évoqué : la demande des usagers. Notons tout d’abord que les usagers des bibliothèques lyonnaises et de la BNF arrivent visiblement à survivre à l’absence de wifi. Et permettons nous aussi de nous interroger sur ce que pourraient préférer les usagers réguliers d’une bibliothèque qui passent parfois des heures à lire dans ce lieu à leur disposition, si on leur posait la question des incidences potentielles d’une exposition au wifi. Sans parler des usagers électro sensibles, qui eux peuvent se retrouver exclus des bibliothèques au moment même où on tente de rendre accessibles tous les lieux publics à toute personne, quel que soit son handicap.
Il ne s’agit pas ici de caricaturer, ni d’alarmer à l’excès. Mais si le principe de précaution a été élaboré – et constitutionnalisé – c’est bien pour traiter ce type de situation.
Et ce d’autant plus qu’il existe une alternative technologique au wifi : le vieux bon filaire qui pourrait se révéler bien plus pertinent à l’heure de la fibre optique.

C’est parce que toutes ces questions sont complexes et que les politiques n’ont pas tous les éléments en main pour en décider, que j’ai proposé l’organisation d’une conférence de citoyens, proposition adoptée par le conseil de Paris et en cours de préparation, pour tenter de faire émerger par la société elle même la façon dont elle souhaite encadrer les risques qu’elle est prête à prendre pour bénéficier d’une technologie nouvelle.

Les conditions dans lesquelles sera organisée cette conférence influeront forcément sur ses résultats. Et c’est parce que je pense qu’un climat apaisé serait préférable, que je préconise de ne pas rebrancher le wifi préalablement.

15 septembre 2008 – Ecologistes en trompe l’œil : les masques tombent

Avec l’abandon de l’extension du bonus malus, Nicolas Sarkozy et son gouvernement confirment que le Grenelle de l’Environnement n’était définitivement que poudre aux yeux et affichage. Le conservatisme de l’Ump et la soumission aux lobbies industriels l’auront emporté sur la volonté – semble-t-il sincère – d’un Jean Louis Borloo d’instiller un peu d’écologie dans les mécanismes économiques.
Ayant déclaré à plusieurs reprises que, si le gouvernement étendait le bonus malus, il faudrait saluer la décision – et ayant même préconisé son extension à l’achat de vélos – je me sens d’autant plus légitime à dénoncer ce renoncement… Bien plus en tous cas que ceux qui, se prétendant eux aussi écologistes n’ont de cesse de refuser toutes les mesures allant en ce sens.

Car en matière de conformisme, le PS n’a rien à envier à l’UMP. Taxe sur les produits jetables ? Le PS est contre. Augmentation du prix du pétrole ? Le PS propose de baisser les taxes. Chèque transport ? Le PS préconise de supprimer l’incitation prévue à l’utilisation des transports collectifs plutôt qu’à l’automobile. Décidément, oui, en matière écologique, le PS n’a rien compris !
Certes, la crise dite « du pouvoir d’achat » mérite des réponses d’envergure. Encore faut-il en faire une juste analyse des causes, et constater que c’est bien la raréfaction du pétrole, et par voie de conséquence l’augmentation du prix de l’énergie, des matières premières et donc de tous les produits, qui en est à l’origine. Masquer artificiellement cette hausse reviendrait à appliquer un cautère sur une jambe de bois.

C’est bien de nouveaux mécanismes économiques – dont la fiscalité écologique et le bonus malus sont les prémisses – dont nous avons besoin pour inciter à de nouveaux comportements, plus écologiques mais aussi plus solidaires. Le fait même que l’UMP comme le PS les refusent confirme qu’ils n’ont aucune capacité à se prétendre écologistes, malgré leurs prétentions.

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