"Le scandale Proglio n'est que la partie émergée du fiasco énergétique Elyséen" - Denis Baupin

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Publié le 27 janvier, 2010

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« Le scandale Proglio n’est que la partie émergée du fiasco énergétique Elyséen »


http://www.lepost.fr/article/2010/01/26/1907978_le-scandale-proglio-n-est-que-la-partie-emergee-du-fiasco-energetique-elyseen.html

Sur Le Post, je dénonce la politique énergétique française, qui depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy, repose sur une triple schizophrénie:

– par idéologie, l’adhésion au dogme nucléariste tricolore, concrétisé par l’activisme présidentiel à vendre des centrales à tout ce que la terre compte de dictateurs.

– par intérêt, l’allégeance au club du Fouquet’s sans qui le Sarkozysme n’existerait pas et qu’il faut bien remercier pour services rendus et auquel on tente de céder les postes les plus en vue et les entreprises les plus prestigieuses, à coût de fusions, de démantèlement, de nominations sans contrôle démocratique.

– par tactique électorale, un vernis écologiste caractérisé par des annonces sur le Grenelle, le paquet climat-énergie européen, la relance des renouvelables, la taxe carbone toutes enlisées dans les sables dès qu’il s’agit de passer à l’action réelle.

Ce triple grand écart se traduit par une série d’échecs retentissants qui ne doivent pas être constatés isolement mais bien réanalysés à l’aune de ce triangle des Bermudes :

– la Bérézina de l’EPR dont la sécurité est remise en question par les plus hautes instances de la sûreté nucléaire et dont les chantiers accumulent les années de retard.

– l’échec d’Areva dans toutes ses tentatives de vente de ce même EPR à l’étranger, à part en Finlande qui s’en mord aujourd hui tellement les doigts qu’elle intente des procès à Areva.

– la guerre de tranchées sans précédent engagée entre EDF et Areva, sans compter les multiples complots initiés contre Anne Lauvergeon afin de constituer des conglomérats industriels tous écrasés jusque là.

– l’accumulation sans précédent des « incidents » dans les centrales nucléaires, au Tricastin et ailleurs, et l’indisponibilité croissante du parc de réacteurs, signe à l’évidence d’une incapacité à gérer correctement la filière.

– l’échec de la France à satisfaire la consommation électrique dès que la température baisse : un système de chauffage en échec dès qu’il fait froid ! Résultat de 4 décennies de surinvestissement nucléaire au nom d’une indépendance qui se traduit par une facture d’importation énergétique de 50 milliards par an.

– une politique de traitement des déchets radioactifs en panne et qui ne réapparaît qu’à la page des faits divers, scandale après scandale.

– la politique d’économies d’énergie sur les bâtiments prévue par le Grenelle sapée par les amendements des parlementaires liés à EDF pour continuer de promouvoir le chauffage électrique.

– l’échec de la conférence de Copenhague qui devait pourtant consacrer le leadership de super Sarko proposant au monde le modèle énergétique français… Dont même l’union européenne n’a pas voulu.

– l’échec de la taxe carbone écartelée entre les intentions positives, les propositions concrètes de la commission Rocard et la volonté de Sarkozy de ne pas heurter les intérêts industriels et nucléaires.

– les multiples freins mis au développement des énergies renouvelables (contraintes bureaucratiques contre les éoliennes, baisse des tarifs du solaire) à rebours du discours officiel et de l’objectif de 23% à l’horizon 2020.

– etc…

L’affaire Proglio apparaît comme le révélateur le plus médiatique de ces errements : non pas tant la pantalonnade de la double rémunération, que cette double casquette Veolia-EDF non assumée, et même combattue par une bonne partie du gouvernement, et qui met clairement en évidence l’absence de stratégie énergétique cohérente.

L’avenir énergétique de la France – dans l’Europe – mérite mieux qu’un jeu de Meccano industriel agrémenté de chaises musicales.

Au moment où l’ensemble des signaux d’alerte passent au rouge (réduction des stocks de matière première énergétiques, pollutions, dérèglement climatique dû aux énergies fossiles, déficit commercial énergétique, précarité énergétique en hausse) l’heure est à la redéfinition d’un véritable service public de l’énergie (de la production à la consommation en passant par la distribution) qui s’appuie non pas sur les énergies du passé non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, uranium) mais sur les énergies d’avenir et les innovations technologiques (réseaux intelligents) sur lesquels la Chine, les Etats Unis et les autres pays européens investissent massivement.

Une fois ce travail fait, il sera toujours temps de décider de l’age du capitaine, de sa rémunération et surtout de sa capacité à mener une mutation énergétique industrielle comme la France n’en a pas connu depuis 50 ans.

Denis Baupin

Maire Adjoint de Paris

Membre de l’exécutif des Verts

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